Avec Mugogo! Part 1, le duo suisso-kenyan formé du producteur FlexFab et du rappeur Ziller Bas dévoile un premier EP addictif qu’on est impatient d’éprouver en club !
« Une telle osmose n’arrive qu’une ou deux fois dans une vie », se souvient FlexFab au sujet de sa rencontre avec le rappeur kenyan Ziller Bas. Alors qu’à l’été 2019 le producteur suisse arpente l’Afrique de l’Est avec le collectif Flee — label, magazine et « plateforme d’ingénierie culturelle » — suite à une résidence à Nairobi, la tournée fait escale à Kilifi, une petite ville à deux heures de Mombasa, sur la côte de l’Océan Indien. Là, c’est « la monstre patate » de Ziller Bas qui fera la différence : le rappeur monte sur scène et pose un freestyle audacieux sur les beats d’un FlexFab ébahi par « l’alchimie naturellement parfaite » de cette rencontre inattendue.
De retour chez lui à Neuchâtel, le producteur est pris d’un doute : aurait-il
rêvé ? Intuitif, il retourne à Kilifi six mois plus tard muni de tout son arsenal électronique et s’installe à Tezo, un petit village à la sortie de la ville. Voilà comment, en deux semaines « particulièrement intenses », le duo donne corps au répertoire de Mugogo! Part 1, quatre titres uptempo tendus vers le club, portés par la puissance d’une verve addictive et de beats fiévreux qui semblent avoir absorbé le pouls et l’urgence de la scène électronique est-africaine.
À Kilifi, dans le quartier de Kiwandani, Ziller Bas travaille ses rimes et son flow depuis ses années lycée. Aujourd’hui, prêt à faire parler de lui, il rappe en « sweng flow » sur Mugogo! Part 1, un mélange de swahili, d’anglais et kigiriama, sa langue maternelle, afin que ses textes « à l’énergie positive puissent toucher le plus grand nombre ». S’il n’a que 25 ans, le rappeur organise par ailleurs des ateliers pour accompagner les jeunes pousses qui se lancent dans le game. Pas de hasard si le courant passe entre les deux artistes car dès 2010, FlexFab fabriquait ses premiers beats au sein de Michigang, un collectif hip-hop de Neuchâtel, avant de se tourner
durablement vers les profondeurs synthétiques de la bass music.
Adepte des expérimentations en solo, FlexFab cultive aussi un goût des
autres en invitant notamment le rappeur sud-africain Batuk, la voix du groupe malaisien The Venopian Solitude ou encore l’inclassable égyptien Rozzma sur son dernier album en date, Ex-Voto. « Après ce disque plutôt sombre et introspectif, j’avais très envie de partager la scène avec quelqu’un et voilà que je me retrouve catapulté dans la vie quotidienne de Ziller Bas ! » se réjouit-il. « Ses amis venaient assister aux sessions, on mangeait avec sa famille, on dormait peu mais avec une patate d’enfer. La nature autour était belle et pure, il n’était pas rare qu’un gecko nous tienne compagnie en studio. »
Motos furieuses, rumeur nocturne, rires… Une matière sonore du vivant qui se retrouve samplée dans Mugogo! Part 1, venant enrichir quelques emprunts rythmiques aux traditions musicales des Giriama, l’ethnie de Ziller Bas. « Mugogo! est le résultat d’une vraie collaboration basée sur la transmission et le partage », précise FlexFab. Dans « Vituko » notamment, la pulse incandescente du kayamba et la rondeur des percussions samplées live finissent ainsi de nourrir l’incendie de ce premier EP très prometteur — dont on découvre les coulisses dans le documentaire de Raphaël Piguet qui paraîtra dans les prochains jours. La suite du projet est attendue pour l’automne, trois clips et dix titres pour lesquels le duo pousse les murs encore un peu plus, invitant le MC ghanéen Gafacci et le tandem genevois Nüfrika à se joindre à la fête. Vivement le retour des clubs !
MUGOGO! Part 1 de FlexFab & Ziller Bas, disponible sur Bandcamp, Spotify et Apple Music.